CIRCé : Creativity and Innovation Research Center

Innovation managériale le management et “Game of Thrones”

Vanessa Ketels

Vanessa Ketels

À l’occasion de la sortie du Petit traité de management : Pour les habitants d’Essos, de Westeros et d’ailleurs, nous avons reçu Marine Agogué, professeure en gestion de la créativité et de l’innovation à HEC Montréal, co-autrice de l’ouvrage avec Cyrille Sardais. Retour sur cette matinée du TRAKK Morning.

[Attention, spoiler alert ! Si vous décidez de vous plonger avec nous dans ce livre, ô combien inspirant, nous risquons de vous divulgâcher, comme on dit au Québec!, certains éléments de la série. En revanche, pour celles et ceux qui ignorent tout de Game of Thrones, aucun doute, cela vous donnera l’envie de vous immerger dans son univers…]

En route donc pour Essos, Westeros et ailleurs.

Game of Thrones est un terrain d’observation privilégié pour analyser les comportements des managers. Car c’est vraiment de ça dont il est question : la série brosse l’évolution de personnages et de communautés sur une dizaine d’années, ce qui permet de voir émerger de véritables managers agissant au sein d’organisations, où il faut décider de stratégies et poser des actes managériaux vis-à-vis du collectif. Du pain béni pour faire le lien avec la théorie du management et le processus d’émergence du manager légitime.

La réflexion débute sur la notion de l’illégitimité du manager. Trois manières vous permettront de forcer quelqu’un à faire quelque chose : la coercition, la corruption, la manipulation. Détaillées dans l’ouvrage, ces trois facettes sont parfaitement incarnées par trois personnages de la série : Tywin Lannister (l’as de la corruption), Petyr Baelish, dit LittleFinger (l’as de la manipulation) et Ramsay Bolton (l’as de la violence). Sans oublier Cersei Lannister, dont les interactions sociales se résument à considérer l’autre comme un ennemi à abattre, et qui symbolise à elle seule ces trois facettes du pouvoir illégitime. Cette solution peut s’avérer efficace, certes, mais elle est surtout fragile, coûteuse et limitée dans le temps.

« Diriger n’est pas faire faire. Diriger, c’est faire vouloir » (Robert Dutton, ex-PDG de Rona et Professeur Associé à HEC Montréal).

L’enjeu doit être ramené au consentement libre et volontaire de suivre son leader. Max Weber distingue 3 types de pouvoirs perçus comme légitimes : la tradition, la raison et le charisme. Ces légitimités de pouvoir et leur fondement sont décrits au travers de 3 personnages : Jon Snow, qui incarne la légitimité organique, Tyrion Lannister, la légitimité technique et Daenerys Targaryen, la légitimité charismatique. Ces formes de légitimité sont en réalité complémentaires ; activées en mode exclusif, elles restent limitées. Sansa Stark en représente une synthèse intéressante. Le livre nous enseigne, au travers de ces personnages et de leur histoire, de leur personnalité et de leur expérience, comment la combinaison des 3 formes de pouvoir légitime permet d’éviter des échecs cuisants, et quelles en sont les dérives possibles.

De ces 3 types de pouvoirs légitimes découlent 3 formes spécifiques de management : l’organique, le technique et le charismatique. Ici encore, la série illustre parfaitement le propos. Ainsi, en les développant sous le prisme des actions managériales (planifier, organiser, diriger, contrôler), Marine Agogué et Cyrille Sardais nous font voyager dans une nouvelle matrice, une grammaire du management, et nous amènent à nous poser les questions adéquates quant aux outils managériaux disponibles, et quand s’en servir.

Si vous êtes tentés d’aborder le management sous un angle nouveau, en adéquation avec les préoccupations du « faire managérial », nous vous recommandons chaudement ce Petit traité de management : Pour les habitants d’Essos, de Westeros et d’ailleurs.

“Petit traité de management : Pour les habitants d’Essos, de Westeros et d’ailleurs” de Marine Agogué et Cyrille Sardais.

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