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Premiers retours des Grands-Voisins

Claire-Anais Boulanger

Claire-Anais Boulanger

Interview de Claire-Anaïs Boulanger


Le mois passé, tu as réalisé une étude de cas aux Grands-Voisins, situé dans le 14ème arrondissement de Paris. Peux-tu nous en dire plus sur ce tiers-lieu ?

Les Grands-Voisins c’est un projet d’occupation temporaire qui prend place dans l’ancien hôpital Saint-Vincent de Paul à Paris, lequel est destiné à devenir un éco-quartier à l’horizon 2023. Les grands-voisins c’est avant tout un projet social. On y trouve 3 centres d’hébergements d’urgence, une conciergerie solidaire travaillant avec des personnes en réinsertion et un centre d’accueil de jour pour primo-arrivants. C’est aussi un haut lieu d’activité économique. On n’y dénombre pas moins de 100 structures hébergées telles que des studios d’artistes, des associations, des boutiques ou des start-ups. Enfin, dotés d’un bar, d’un restaurant et d’une programmation culturelle et artistique haute en couleurs, les Grands-Voisins sont aussi un lieu de tourisme et de loisirs.

Pourquoi les Grands-Voisins ?

En tant que chercheuse, je m’intéresse aux facteurs (caractéristiques, processus, etc.) qui vont permettre à un tiers-lieu d’être un espace transitionnel. La notion d’espace transitionnel a récemment été introduite par Raphaël Besson dans un article de 2018. Elle fait référence à un espace en mesure de préfigurer des transitions vers des futurs plus durables. Les Grands-Voisins me semblaient être un cas particulièrement intéressant de ce point de vue-là. C’est un lieu où tout semble possible et qui explore de nouvelles formes de mixité tant en termes de publics que d’activités.

Des premières conclusions ?

Il est difficile à ce stade de déjà pouvoir donner des conclusions. En revanche, je peux déjà faire part de mes étonnements… En arrivant aux Grands-Voisins, je ne m’attendais pas à un projet de cette ampleur. Ça grouille tout le temps et partout. Au début, j’ai essayé d’avoir une vue globale de tout ce qui se passait sur le site mais je me suis vite aperçue que c’était peine perdue. Je pense que cette énergie, ce foisonnement d’activités permanents joue certainement un rôle dans la capacité à expérimenter à innover du lieu. Un des créatifs rencontré sur le site témoigne : «Le fait que tout bouge tout le temps, que rien ne soit figé, ça s’imprègne dans notre tête et ça nous rend plus imaginatifs ».

J’ai également été étonnée de la façon dont travaillent les équipes sur place. Chacun est très autonome, en ce compris les stagiaires et les services civiques. Cela donne au lieu une grande réactivité car ils ne perdent pas de temps dans des méandres hiérarchiques inutiles. Enfin, ce qui m’a également étonnée, c’est le climat de bienveillance qui règne dans ce lieu et qui rend possible des interactions qui ne seraient pas envisageables autrement. Là-bas, tout le monde parle avec tout le monde sans toujours trop savoir qui est qui. C’est un lieu qui questionne notre rapport à l’autre et à la différence. C’est indéniablement une des richesses du site et certainement une facette de la façon dont les Grands-Voisins s’incarnent en un espace transitionnel !

La notion d’espace transitionnel par Besson : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01865934/document%20

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